mercredi 9 avril 2008

CONCLUSION.

CONCLUSION :

# 66.- La réappropriation à la fois des ressources de la cul­ture africaine et I'inculturation de la foi sont nécessaires pour rendre les Africains en général, et les Chrétiens en particulier capables de répondre aux principaux problèmes que soulève la sorcellerie en Afrique. Cette étude a montré que deux choses sont indispensables face au problème du nivellement social provoque par la sorcellerie collective: la ratio­nalité et 1'incarnation du langage de la foi dans les conceptions et les pratiques sociales. La rationalité interne à la sorcellerie collective doit être remise en question à 1'aube des situations de misère que celle-ci engendre.

# 67.- La sorcellerie ne pose pas seulement le problème de la nuisance, mais celle tout aussi grave de la diabolisation d'autrui. Elle développe chez l'individu la logique de la culpabilisation d'autrui qui le fragilise plus que les effets physiques des maléfices des agents de la sorcellerie. La diabolisation d'autrui apparaît une fuite de responsabilité personnelle et un refus de faire la vérité sur soi. Elle est en défini­tive, comme dirait Eric de Rosny: «un refus de l'ef­fort et du travail, un renoncement à la raison, un désintéressement des conditions réelles de la vie économique, sociale et politique moderne, bref, un cer­tain escamotage de ce qu'est l’homme».20
# 68.- Les ressources de la lutte contre la sorcellerie en général, et la sorcellerie collective, en particulier se trouvent fondamentalement dans l'esprit, l'imaginaire et les mentalités des personnes. II faut amener l' Africain à ne pas faire d'autrui la cause de tous ses maux et à ne pas surestimer le pouvoir du monde invisible.

# 69. On peut bien se demander s'il n'y a pas chez ceux qui ont peur des sorciers la sous-estimation de soi et de la force que représente la vie de Dieu en l'homme. Beaucoup de personnes sans être sorcières tirent sur cette corde de la peur pour faire des autres ce qu'elles veulent.

# 70.- Une lutte efficace contre la sorcellerie collective doit passer par l'éveil des individus à ce qu'est la vie, ce qu'est l'être-vie en tant qu'instance de lutte et de victoire sur toutes les formes de mort et sur les forces de la mort et, enfin, ce qu'est le monde devenu dans l'Evenement Jésus-Christ l'espace et le temps marqués par le Royaume de Dieu. L'Africain pourra alors habiter plus facilement le monde du jour que le monde de la nuit. Le monde du jour est synonyme, dans l'Écriture, du monde de la lumière, de la vérité, de l'amour et de modes d'être et d'ac­tion pour construire sa propre vie en construisant et non en détruisant celle des autres.
********************
Texte paru dans «OMNIS TERRA », revue de l’Union Pontificale Missionnaire, # 438, Janvier 2008. Tiré de : RUACO (Revue de l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest) # 29, Abidjan 2007

Aucun commentaire: